Voyage dans la Frise

 

11-13 juin 2019 Groningen:

De la Sneekermeer nous sommes remontés plus au nord par Grouw, Warten Stroobos, avec une halte nocturne champêtre sur la Burgermeer, pour rejoindre le petit port de Briltil (17,5 € la nuit. Place de port + électricité + douches-sanitaires).



Nous avons identifié à ce jour les moyens suivants pour faire ouvrir un pont basculant aux Pays Bas:

  • Suivre un bateau ou un groupe de bateaux et laisser les autres demander le passage à votre place (fastoche! Nous avons eu cette opportunité pour les 3 - 4 premiers ponts de notre navigation).
  • Appeler en anglais à la VHF et demander le passage. Le canal d'appel est toujours indiqué à l'approche du pont dans ce cas.
  • Dans beaucoup de cas on vous voit arriver (Gardien du pont, ou camera de surveillance). Il n'y a rien d'autre à faire que de se présenter devant le pont pour obtenir son ouverture.
  • Cas particulier du polder d'Emmeloord: Appeler un serveur vocal (0031 320 767 610) et suivre les instructions en Néerlandais (bonne chance ! 😉) choix 2 = Écluse (Sluis), choix 3 = Pont (Brug).  Choix d'après le nom de l’écluse ou du pont choisi. Choix d'après:  dans combien de minutes on arrive. Choix d'après si on est montant ou descendant.
  • Pour les ponts plus petits et/ou isolés il faut "sonner" sur un bouton d'appel peu avant le pont, comme ici au pont de Briltil:

Et là c'est le pont d'Ossenzijl. Regardez la largeur maxi indiquée sur le panneau...  Le maître bau d'Arwen est de 4,25 m.  On est passé sans frotter.  On nous avait prévenu de cette difficulté, c’était pour nous un test. Nous l'avons passé 😊.
 


A certains ponts il faut donner un droit de passage (1€ à 5€ jusqu'à présent). Cela reste pour l'instant exceptionnel.

De Briltil nous sommes allés à Groningen en vélo (40 km ar).

Groningen:

Ville universitaire d'importance (200 000 habitants dont 40 000 étudiants). C'est la plus grande ville du nord des Pays Bas, et la ville la plus jeune (la moitié des habitants a moins de 35 ans). Nous avons visité le musée de la marine et déambulé dans le centre ville. Je dirais en synthèse que c'est Amsterdam en plus petit. Le vélo y est roi dans le centre ville (très peu de voitures). Il est prioritaire sur les autres véhicules et sur les piétons. Nous n'avons presque pas pris de photos, l'intérêt de cette ville très animée nous a semblé limité.

Groningen est une ville médiévale dans une région historiquement occupée par une population que l'on appelle les Frisons.

Les Frisons et les Bretons:

Les Frisons ont une histoire antique qui a influencé celle des Bretons. je vous livre le lien Wikipedia qui explique que dans sa période romaine au III ° siècle la Frise couverte au début de forêts, a subit une brusque montée des eaux de la mer du nord. Les forêts ont disparu et ont fait place aux zones marécageuses que l'on connait encore aujourd'hui. On appelle cette brusque montée des eaux la transgression de Dunkerque. La population Frisonne déstabilisée par la perte partielle de son territoire et la modification de son environnement, a cherché à s'installer ailleurs. elle s'est mise à faire des raids sur les côtes sud-est de l'ile de Bretagne et dans la Manche comme dans la Domnonée. Et c'est la déstabilisation de cette population qui déclenchera l'invasion de la Grande Bretagne par les Angles, les Saxons, les Jutes et les Frisons, et par voie de conséquence la migration de Bretons insulaires en Armorique.
Il y a donc un rapport historique entre cette région des Pays Bas et la Bretagne.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Frisons

Je m'arrête là pour l'histoire.


14-15 juin Dokkum:

C'est le point septentrional de notre voyage commençant. Une ville de 12 000 habitants, véritable perle du nord avec ses rues pavées de briques, où le piéton est prioritaire (devant les vélos). Le centre ville, anciennement fortifié a beaucoup de cachet, il y fait manifestement bon vivre.
Le temps à cette latitude est changeant, un peu comme en Irlande. De belles éclaircies alternent avec la pluie et cela dans l'heure.Au moment où j'écris (18h00 le 14/06/2019) il fait 22°.


Place au port 11 € la nuit + 3 € d'électricité (à réserver sur un site web bien fait).





Ici, à droite de l'hôtel de ville un restaurant avec un bon rapport qualité prix:  "L'artisante". Bonne ambiance et très bien accueillis. Le touriste Français est rare dans cette contrée.

Nous avons navigué ensuite en convoi de Dokkum jusqu'à Leeuwarden (18 km).


16-17 juin Leeuwarden :

A l'image de Dokkum mais en plus grand, Leeuwarden est la capitale de la Frise (100 000 habitants). Le centre ville à plein de cachet (Mieux que Groningen). Quand on s'éloigne un peu du centre on sent par les bâtiments que c'est une ville d'affaires florissantes. L'industrie laitière est puissante: normal avec la vache frisonne !

Nous nous sommes amarrés le long de charmantes petites maisons frisonnes, juste en face d'un parc.
21 € la nuit + 3 € d'électricité.

Eh oui il y a une tour qui penche,  comme à Pise.















Un peu d'histoire...   C'est la ville où est née Margaretha Geertruida Zelle...

Mata Hari !

Le jour où nous avons fait halte il y avait un festival de chorales. Elles se produisaient un peu partout dans le centre de la ville. Super ambiance dans les rues,  les places, et aussi sur l'eau.





 A Leeuwarden, j'ai mis en service les bossoirs et installé l'annexe. tout fonctionne bien à bord. La seule déconvenue est le radar qui est hors d'usage, pour lequel il me faut trouver une seconde main compatible avec un Simrad CX44 (Si quelqu'un peut me dépanner, je suis preneur).




18 juin Harlingen :

Au départ nous naviguons dans la banlieue de Leeuwarden pour rejoindre un chantier naval pour remplacer le jeu de défenses d'origine dégonflé aux valves défaillantes. Arwen à un jeu de défense tout neuf.
Petit désagrément,  le moteur qui n'a pas du tout fumé pendant les premiers jours de la navigation, fume désormais. C'est dérangeant pour un moteur de 230 cv. A suivre.
L'entrée du port d'Harlingen est étroit et se termine par le passage d'un pont levant aussi étroit après un vire à gauche qui ne fait pas deux fois la longueur d'Arwen. Donc bon test de manœuvre.
















Harlingen est une petite ville portuaire qui donne sur la Waddenzee, la mer à l'intérieur des iles de la Frise.
Pour Cathy et moi ce n'est donc pas encore la "vraie" mer comme en Bretagne Par forts coefficients elle se vide assez largement et il y a peu de fond. La Mer du nord commence au-delà des iles de la Frise.
A l’instar de Dokkum Harlingen est pleine de charme avec ses petits canaux, ses petites maisons très soignées et fleuries, ses gazons régulièrement tondus. Une ville calme sans pour autant être morte car les PME foisonnent alentour, et on sent partout le dynamisme économique du pays.
A Harlingen en fin d'après midi c'était la fête au village. On sent la proximité culturelle des Frisons avec les Anglo-Saxons de l'autre côté de la Manche.
Les cafés sont familiaux ils font penser aux Pubs de l'Angleterre. Les habitants sont parfaitement bilingues. Aucun problème pour communiquer en anglais.


Au café nous avons rencontré un jeune homme et une jeune femmes français qui étaient en déplacement professionnel d'étude sur les éoliennes. Tout jeunes: 24 et 26 ans. 
Il y a une ambiance familiale dans cette petite ville de 14 000 habitants. Sans que les gens vivent dans la rue, ils se rencontrent et se parlent. On voit que tout le monde se connait et semble attentif à l'autre. Ce n'est qu'un ressenti. 

D'une manière générale la place au port pour ce bateau de 14 m oscille entre 15 et 25 € la nuit selon que l'électricité et l'eau soit incluses ou non.

Le lendemain matin départ dans l'autre sens, toujours aussi étroit, avec le salut de l'équipe du port qui n'a pas manqué de relever notre nationalité et de sympathiser avec nous.

 

Histoire de moteur:

Le moteur d'Arwen fume au ralenti il y a même un relargage de gasoil dans l'eau, je commence à m'inquiéter du phénomène et le signale par mail au constructeur Mr Pasterkamp. Nous quittons Harlingen et arrivons à l'écluse qui donne sur la mer, Arwen va bientôt flotter dans l'eau salée.
Par convenance vis à vis du voilier devant nous je coupe le moteur pour éviter la fumée.
L'écluse ouvre et le pont se lève il est temps de manœuvrer...
Le moteur ne se lance pas, un peu comme si la batterie était à plat.
Impossible on a rechargé toute la nuit sur le secteur du port.
Qu'à cela ne tienne, je lance le générateur. Avec une puissance de 5 KVA tu vas voir sacré moteur comment tu vas démarrer !...   Pas mieux !!!...  J'appelle par VHF l'éclusier pour l'informer de mon problème. Mais en situation d'urgence on perd la moitié de son vocabulaire et la grammaire passe "sur les batteries de secours" (si je peux me permettre cette analogie).   Mon anglais a du être pour l'éclusier une anthologie sur le thème de la maîtrise légendaire des langues du français moyen que je suis.
Je me suis fait comprendre cependant puisque l'éclusier me dit de prendre mon temps et qu'il abaisse le pont levant en attendant que je redémarre le moteur.
J'attends une minute l'effet du générateur sur les batteries, et le moteur redémarre, ouf !
Pas besoin de relever le pont, en indiquant mon tirant d'air par VHF on m'informe qu'il reste 30 cm de marge.
Nous sortons du port en eau salée d'Harlingen, au milieu du trafic dense des bateaux à touristes en partance pour les iles de la Frise.
La réponse mail du constructeur tombe: "Plusieurs jours à faible régime, le moteur s'encrasse. Faites-lui se dégourdir les jambes pendant 1 heure."
Cela tombe bien  nous piquons vers le sud pour atteindre l'écluse qui nous donnera accès à la mer intérieure Ijsselmeer.  En avant la cavalerie !  2100 tours pendant 1 heure.
Arwen a filé comme un chalutier qui rentre de la pêche. Malgré une mer d'huile j'ai senti un comportement rassurant, ce bateau pousse bien l'eau devant lui sans faiblir.
Et à l'arrivée à l'écluse une heure plus tard le moteur ne fumait plus.
Moralité; un moteur diesel a besoin de régulièrement se dégourdir les jambes pour se décrasser.
Autre conseil que je tiens de marins avisés: 15 minutes au départ à faible régime pour le mettre en température, et 15 minutes à la fin à faible régime pour le faire souffler avant de l'arrêter.
Nous apprenons !

Nous avons poursuivi encore 1 heure sur l'Ijsselmeer vers le sud à plein régime pour atteindre le petit port de Stavoren.
Sans atteindre la totale sérénité nous n'appréhendons plus les écluses et les passages de ponts.

19-20 juin Stavoren:

Stavoren est un village fait de petites maisons blotties les unes contre les autres.
Alors là c'est vraiment l'ambiance village, que la proximité de 2 grandes marinas ne perturbe pas.
Les Hollandais sont très attachés à leur bateaux traditionnels qu'ils entretiennent avec beaucoup de soins. Nous en croisons de nombreux, plus beaux les uns que les autres:



Stavoren ne compte que 1 000 habitants.  Mais dans l'ancien temps c'était un port important de la Frise Hanséatique, du temps de la Zuiderzee.
Ce port riche de commerce a décliné en raison de la formation d'un banc de sable qui progressivement a bloqué son entrée.
La légende raconte que c'est l'orgueil des habitants de la cité si prospère et couverte d'or qui est la cause de son déclin. Un jour une riche armatrice de Stavoren envoie un de ses navires charger des cargaisons précieuses à Dantzig vers l'est, à l'embouchure de la Vistule. Arrivé au port de Dantzig, le capitaine du navire ne trouve que du froment à charger.  Il fait charger ce froment et revient à Stavoren. L'armatrice, déçu par cette cargaison banale, ordonna qu'on la jette par dessus bord en mer, devant l'entrée du port. Le capitaine obéit, mais la prévint cependant du courroux divin devant un tel gâchis.  A l'endroit où le froment fut jeté apparu un banc de sable qui progressivement interdit l'entrée du port, faisant sombrer Stavoren dans le déclin.

Balade en vélo vers Hindeloopen, Workum et Makkum:

De Stavoren il est possible d'emprunter des pistes cyclables qui longent la côte vers le nord, et de visiter les ports de Hindeloopen, Workum et Makkum. C'est une ballade de 60 km aller-retour, mais avec nos vélos électriques nous avons parcouru cette distance sans encombre.

Hindeloopen:  La plus belle des 3.  Un village aux maisons de poupée, blotties autour de son église.
sillonnée de petits canaux. Il faut prendre le temps de parcourir ses ruelles et de tomber sous le charme des fenêtres décorées et des jardinets soigneusement entretenus.


 





 A Hindeloopen, on fait du Kitesurf:



Workum:   Comme Stavoren et Hindeloopen, Workum est une ville qui doit son existence à son ancien statut de port sur l'ancienne Zuiderzee et à son appartenance à la ligue Hanséatique.
Cette commune de 4 500 habitants a également beaucoup de cachet.
Dans le port de Workum nous avons vu manœuvrer un vieux gréement typique des Pays Bas, un Dogger probablement vieux d'un siècle. Le bateau de transport traditionnel. Ils sont nombreux ici à continuer de naviguer pour le grand bonheur des classes marines de jeunes collégiens, lycéens ou universitaires.

Ci dessous s'en est un qui a fait un demi tour à la perfection dans un mouchoir de poche, et il n'est pas besoin d'être un Popeye aux bras musclés pour manœuvrer cette grosse baille, chapeau Madame!...



Makkum:  Comme les précédents villages, Makkum a beaucoup de cachet et vaut le détour.
Tous ces port sont équipés à leur périphérie de marinas importantes et modernes, que nous n'avons pas visitées, trop habitués à cette ambiance en 40 ans de voile.  Makkum, au centre pittoresque, est cependant un peu défiguré par un énorme hangar de chantier naval.

Après  nous être désaltérés dans une auberge typée à l'ambiance animée, nous nous en sommes retournés vers Stavoren alors que l'orage montait sur l'Ijsselmeer. Nous sommes arrivés au bateau aux premières gouttes et Cathy a admiré le spectacle bien à l'abri dans notre maison sur l'eau. 

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21-22 juin  Lemmer

Nous avons navigué de Satvoren à Lemmer sur une Ijsselmeer qui, ce coup-ci,  ressemblait à une mer de 4 Beaufort. Au près de la houle (45°) Arwen passe bien dans des creux de 1/2 mètre parfois 1 mètre, sans spécialement rouler.  Au largue le roulis reste modéré, mais suffisant pour mettre en défaut le vieux pilote automatique Simrad.  Il faudra le remplacer un jour par un 3D plus performant.
En manuel Arwen fait des embardées pouvant aller jusqu'à 10°. Je sens qu'on va s'amuser quand la mer sera formée. Mais bon, barrer 3/4 arrière dans la houle, même en voilier cela demande un peu d'attention...   Vieux souvenir de Jean François notre fils à la barre, 3/4 arrière...  😊



 

Approche de Lemmer, au milieu des éoliennes off shore.



A mon sens, Lemmer c'est le Saint Tropez de la Frise.  C'est le must.  La commune de 10 000 habitants à sa périphérie est constituée de zones résidentielles, de camping haut de gamme, de marinas, de parking pour camping car, tout cela mélangés, dans lesquels nous croisons presque exclusivement des touristes Allemands.

Vous devez bien vous douter que Lemmer est une ville animée.  Nous avons trouvé une place en plein milieu du centre ville, on ne pouvait pas mieux rêver. 











Animation sur l'eau et feu d'artifice le soir. C'était ici aussi la fête de la musique, on a débouché une bouteille pour fêter ça !


 
A Lemmer se trouve une station de pompage avec 4 machines à vapeurs, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. Elle a été livrée en 1920 et a permis pendant un siècle à la Frise de conserver l'hydrologie qu'on lui connait. Cette machine a été essentielle à la survie de cette région du monde. Bien évidemment d'autres stations plus modernes, notamment à Stavoren ont pris le relai, cependant elle est maintenue en état et reste en activité de manière épisodique.

Juste un mot sur la gestion de l'eau aux Pays Bas. Sans le système complexe des digues, écluses et stations de pompage, le pays qui actuellement ressemble à ça:

 Ressemblerait à quelque chose comme ça:
Aux Pays Bas quelque 25 % du territoire se trouve en-dessous du niveau de la mer.

Aujourd'hui nous avons comme voisins des Allemands de Dortmund. Une bande de copains, la quarantaine, une croisière entre hommes. Sensibles à notre accueil ils nous ont offert un verre de Chardonnay bien frais, et nous avons sympathisé.
Lemmer aura été jusqu'à présent notre plus belle halte.

Cette étape clôture notre voyage en Frise. Nous avons parcouru environ 350 km.



Demain nous traverserons l'Ijsselmeer pour rejoindre Enkhuizen en Hollande du nord.

Si la Frise devait se réduire à un seul mot ce serait un mot qu'on nous a inspiré : 

"Poésie"





Commentaires

  1. Merci pour toutes ces photos et ses descriptions. Quel fascinant voyage !

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  2. Merci Eric pour ce blog magnifique. Cela fait plaisir de lire que Cathy er toi ont bien aimé cette partie des Pays-Bas. On vous suivra avec grand intérêt. Bon vent (toutefois moins important car l'ARWEN fontionne sur son Vetus-Deutz.)

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  3. Trop chouette ! Merci de partager tout ça !

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  4. Quelle ambiance paisible !! De mon côté, je rentre de Namibie de 3 semaines de voyage et 4000 kms parcourus. Qules voyages !!! André & Berenice (Nantes)

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  5. Hello les marins, joli périple, la nature est paisible au pays du vélo, je vois que vous avez bien pris le rythme…. des vacances, du bateau a moteur et surtout de la retraite ! Ne changez rien, vous êtes sur la bonne voie ! Bisous du pays

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